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Le showroom © Les Crafties

« Penser l’espace est dans notre ADN ». Les Crafties inaugurent leur atelier, un showroom et Diorama, un espace d’exposition à Sète

Il y a l’empreinte olfactive de la peinture, de la colle et celle de l’impatience des Crafties dans leur triple espace la veille de son inauguration. Au 29-31, rue Pierre Semard à Sète, Marie-Marie Vergne et Jeanne Martin, le duo d’artistes textiles, ont installé leur atelier, un showroom et « Diorama », la vitrine dans laquelle elles invitent des artistes à dialoguer avec leur décor.

L’effervescence des débuts est palpable. Les voix sont empressées, les regards brillent. Pourtant aucune nervosité ne vient envahir Les Crafties. L’ouverture de leur vaste volume de 3 espaces est millimétrée, planifiée, parfaitement maîtrisée. L’envie et l’impatience dominent.  « Levure Sismique » est la première exposition de « Diorama ». Inaugurée le 4 avril, elle présente les œuvres en céramique de Romane Clavel et Robin Lachal.

Interview

SUD VIBES : Vous inaugurez Diorama, une vitrine d’exposition au sein de votre studio. Un rappel sémantique s’impose, diorama vient du grec et signifie « à travers la vue ». Pourquoi avoir choisi ce nom  ?

LES CRAFTIES : Nous avions envie de mettre en scène un sujet dans un environnement reconstitué, de créer un décor enveloppant. Nous travaillons beaucoup le panoramique. La vitrine est aussi une référence aux musées d’ethnographie. Elle est dédiée à être vue de l’extérieur.

SV : N’est-il pas difficile de passer de l’exercice de la création à celui de la curation ? Comment appréhendez-vous cette double casquette ?

LC : Nous avons l’habitude de collaborer et d’être à la fois artistes et scénographes. Diorama est le pas de plus qui nous mène vers la possibilité de raconter de nouvelles histoires et de créer des conversations entre notre travail, c’est à dire la tenture qui habille l’espace d’exposition, et celui des artistes invités.

SV : Justement, quels sont les artistes et les disciplines avec lesquels vous souhaitez entrer en conversation avec Diorama ?

LC : Nous avons envie de créer du lien avec des artistes de Sète et d’ailleurs. De créer des passerelles entre les arts visuels, le design et les arts décoratifs.

SV : Vous êtes-vous imposé des limites dans vos choix d’exposition ?

LC : Nous avons déjà des idées pour les 4 ou 6 prochaines expositions. Il y en aura une tous les trois mois. Notre souhait est d’offrir une vitrine aux arts décoratifs. Ceux qui frôlent l’artisanat et le design. La scénographie est notre fil rouge, car nous allons mettre en relation les œuvres d’autres artistes avec le décor de Diorama.

SV : « Levure Sismique » est la première exposition installée dans votre vitrine Diorama. Qui sont les artistes invités ?

LC : Romane Clavel et Robin Lachal ont travaillé en duo pour cette exposition. Nous aimons leurs regards sur les arts populaires. Nous voulions donner une visibilité à leur travail, d’autant plus qu’ils ont installé leur atelier à Sète récemment. Ils ont créé un laboratoire pâtissier. Nous adorons leurs gâteaux kitchs en céramique, le côté sucré de leurs œuvres. Ils se sont inspirés de photos de recettes vintages. Il y a aussi l’influence des décors de cinéma, des mises en scène. Ils ont un côté très théâtral. Ils ont aussi créé la table en mosaïque sur laquelle sont disposés les gâteaux.

SV : L’une des thématiques de la Foire Art Paris qui a lieu du 4 au 7 avril est Art & Craft. Il y a un décloisonnement des pratiques artistiques. Les arts textiles comme la céramique sont de plus en plus présents dans les musées et dans les galeries. Le commissaire d’Art & Craft, Nicolas Tremblay, parle d’une relecture de l’histoire de l’art plutôt que d’une tendance éphémère. Qu’en pensez-vous ?

LC : Il est de plus en plus important de vendre. Et de gagner plus d’autonomie vis à vis des institutions. C’est une tendance qui fait partie de l’évolution de l’art et qui va certainement durer.

SV : À propos de décloisonnement des pratiques, peut-on parler de votre collaboration avec l’architecte et designer India Mahdavi ?

LC : Nous l’avons rencontrée lors d’une Design Parade à Toulon. Elle a acheté notre première pièce. Elle nous a en quelque sorte pris sous son aile et nous avons beaucoup appris à son contact. Collaborer avec elle nous a donné de la crédibilité. Elle est notre petite fée.

SV : La prochaine étape est-elle la création d’une maison d’édition Les Crafties afin d’être autonomes dans la distribution de vos créations ?

LC : Nous y pensons de plus en plus. Ce serait une manière plus démocratique de proposer nos objets. De les penser en multiples à partir de nos prototypes.

SV : D’autres projets ?

LC : En ce moment, ils prennent de l’envergure. Nous avons par exemple celui de concevoir la décoration intérieure globale d’une maison de vacances à Port Vendres. Nous allons expérimenter, passer du textile à d’autres médium. Penser l’espace est dans notre ADN. Nous sommes aussi partenaires du CRAC (Centre Régional d’Art Contemporain, Occitanie) pour Sète Los Angeles. Nous allons proposer un espace pour le festival Hors les murs. Nous avons un autre projet avec Mécènes du Sud. Celui d’aménager un espace de détente pour les nouveaux bureaux de la Banque Populaire du Sud à Cambacéres, à Montpellier. Et puis nous préparons un solo show à la Galerie Regala à Arles pour le mois de juin. Nous allons faire dialoguer des œuvres de Raphaël Larre et de Victor Levai avec notre tableau.


 
Les Crafties, atelier, showroom et vitrine d’exposition « Diorama », 29-31, rue Pierre Semard, Sète

Rencontre avec Les Crafties, duo d’artistes présenté par la ville de Sète à la foire Art Montpellier