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Mathieu Boogaerts © Nicolas Despis

Mathieu Boogaerts : « Quand une chanson est terminée, je suis assez impatient de la partager »

Mathieu Boogaerts traverse le temps comme ses chansons. Avec douceur, simplicité et universalité. « Grand Piano », son neuvième album paru le 17 janvier, sonde les sentiments avec clarté et délicatesse dans une production plus ambitieuse et colorée que jamais. Mathieu Boogaerts jouera au Rockstore à Montpellier le 28 février.

CONVERSATION

SUD VIBES : Mathieu Boogaerts, « Grand Piano », votre neuvième album vient de sortir. Son orchestration est très différente, presque à l’opposé de votre album précédent, « En anglais ». Vous aviez envie de jouer en groupe, ou est-ce les chansons qui ont décidé pour vous ?

MATHIEU BOOGAERTS : Je n’irais pas jusqu’à dire que l’orchestration est à l’opposé. Il y avait une batterie et plusieurs instruments sur le disque précédent, sauf que ce n’était pas vraiment joué en live. C’était quelque chose que l’on avait fait à deux, non pas par manque de moyens, mais par choix esthétique. Une production à la maison. Quand j’enregistre un disque, assez spontanément, j’ai envie de faire quelque chose de différent du précédent. Ce n’est pas une stratégie, c’est juste qu’il est important, quand je joue de la musique, que cela soit ludique, excitant et un peu nouveau. En l’occurrence, pour ce disque, j’ai pris le parti de le faire dans un beau studio, avec de bons musiciens, de beaux instruments, de bons micros… J’ai pris le parti de faire un truc un peu chic. Et donc le disque « Grand Piano » s’appelle comme cela pour toutes ces raisons.

SV : Les musiciens avec lesquels vous avez enregistré l’album seront en tournée avec vous ?

MB : Ce ne seront pas forcément les mêmes musiciens, mais ce sera une tournée en groupe. Cela fait plus de dix ans que je ne l’ai pas fait et j’ai vraiment le meilleur groupe de Paris. Je suis entouré de super musiciens. On s’entend à merveille et c’est merveilleux. On a fait une dizaine de concerts à Paris. C’était plein. C’était super bien. On a un super son. Je suis très content et très fier d’avoir pu proposer ces chansons dans cet écrin.

SV : Est-ce une habitude de tester vos nouveaux titres sur scène avant la sortie d’un album ?

MB : Non, il n’y a rien de systématique. Je l’ai fait parfois, mais pas tout le temps. Je n’emploierais pas le terme de test. Ce n’est pas vraiment ça. C’est plutôt un rodage. Quand une chanson est terminée, je suis assez impatient de la partager. Donc s’il y a l’opportunité d’un concert, je vais aller chanter cette chanson. Ça ne participe pas d’une stratégie ou d’une réflexion. Cela s’est fait parfois, même si c’est toujours un peu dangereux. Contrairement à un film que l’on l’apprécie le plus la première fois qu’on le voit, une chanson s’apprécie mieux quand on la connaît un peu. Mais j’ai assez confiance en mes chansons et c’est aussi un challenge de réussir à en faire passer une à la première écoute.

SV : Allez-vous jouer tous les morceaux de « Grand Piano » en tournée ?

MB : Je ne sais pas encore. Probablement pas tous, mais je dirais les trois-quarts.

SV : L’un de vos titres est-il toujours présent dans votre set list ?

MB : Il y en a plus d’un, mais spontanément, il y a un morceau qui me vient et qui s’appelle « On dirait que ça pleut ». C’est une chanson qui date d’un album de 2012 et qui est très enthousiaste, très joyeuse, pleine d’espoir, d’entrain et de joie. C’est une chanson que j’adore chanter et qui me touche toujours. Je peux l’interpréter un peu dans n’importe quelle situation. Quand je fais un concert, j’ai besoin de vibrer pour que les gens vibrent éventuellement. Si je ne suis pas enthousiaste, les gens ne le seront pas. Cette chanson est très facile pour moi et elle me met tout de suite en confiance parce que je suis toujours en phase avec son texte et sa musique.

SV : À contrario, y a-t-il des morceaux que vous n’avez plus de plaisir à jouer et que vous n’interprétez plus ?

MB : J’ai écrit et composé à peu près cent cinquante chansons, mais il n’y a pas un propos de l’une d’elles que je ne suis pas prêt à revivre aujourd’hui, à incarner et à assumer. En revanche, il y a à peu près la moitié des chansons de mes trois ou quatre premiers disques que je ne peux pas chanter. Non pas parce que je n’aime pas ce qu’elles disent, mais parce que je n’aime pas comment elles le disent. Je ne trouve pas l’écriture assez exigeante. Ou pas assez concise. Je peux par contre globalement chanter toutes les chansons de mes quatre ou cinq derniers disques.

SV : Quelles sont les musiques ou les musiciens qui nourrissent votre créativité depuis vos débuts ?

MB : Je n’en ai aucune idée. La créativité et l’inspiration sont des choses très inconscientes. C’est un processus que je ne maîtrise pas. Il y a des trucs que je choisis d’écouter et d’autres que j’écoute sans m’en rendre compte. Dans un supermarché, dans un taxi… Et malgré tout, cela rentre dans mon corps. Quand j’écris une chanson après, peut-être que cela vient aussi de là ? Je n’ai pas trop de prise sur les influences. J’écoute toute sorte de musiques. Surtout depuis des sites de streaming. Je peux passer d’une musique cubaine des années cinquante à quelque chose d’indé actuel ou à de la chanson française… Globalement, j’aime bien les musiques locales, folkloriques. Le son d’un lieu, d’une époque. Je suis sensible à ça. J’aime les musiques qui ont des identités assez franches.

SV : Combien de dates sont prévues pour cette tournée ?

MB : Pour l’instant une petite trentaine. Mais j’espère qu’il y en aura au moins le double.

SV : Vous vous présentez généralement en t-shirt. On vous voit porter une chemise jaune dans vos deux derniers clips et sur des images de concerts à l’Archipel à Paris. Passez-vous par une phase de révolution stylistique ?

MB : Forcément la question de comment je me présente publiquement en photo depuis mon premier disque s’est posée. Comment je m’habille ? Comment j’apparais ? Tous les chanteurs se posent cette question à un moment. Assez spontanément, je me suis dit que j’allais mettre un t-shirt uni. Pour ne pas le regretter. Parce que c’est intemporel, que cela ne se démode pas. Et puis parce que j’aime bien, que c’est assez modeste aussi et que c’est universel. J’avais ce souci de porter quelque chose de neutre. Si vous cherchez mon nom sur Google images, vous allez tomber sur cinq cents photos de moi en t-shirt. Un long, un court, un foncé, un clair, un large, un serré. Enfin, toutes les époques avec plein de t-shirts. Pour ce disque dont la production a une ambition un peu différente, qui a plus de couleurs, qui est plus large, plus cher, plus gros, plus grand… Je me suis dit : aller, je mets une chemise ! C’est une façon d’être cohérent avec tout cela.

 

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Mathieu Boogaerts sera en concert au Rockstore le 28 février 2025. Billetterie : Le Rockstore

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