Rentrée littéraire épisode 4

Notre sélection Rentrée littéraire épisode #4

EPISODE 4

Dans ce 4e et dernier épisode de notre sélection de la Rentrée littéraire, Sarah Chiche avec Alchimies déroule le fil d’une enquête scientifique, nimbée de mystères et inspirée d’un fait historique, celui de la disparition du crâne inhumé du maître Francisco de Goya. Le récit devient roman d’aventures lorsqu’il mène son héroïne, médecin légiste, sur les traces de ses parents, dont la passion pour le peintre espagnol les conduira à de nombreuses expérimentations ténébreuses, jusqu’à leur perte. Du siècle des Lumières à la création d’une mystérieuse société secrète de médecins, ce roman obscur se nourrit de la passion de l’autrice pour les mille vies de Goya et s’intéresse à l’origine du génie artistique et de la connaissance absolue. Clément Ghys, dans Le passant du Bowery, cristallise une vision fantasmée, celle du New York artistique et bohème des années 60-70. C’est au 222 Bowery, lieu de vie, de création et de fête d’artistes majeurs de la Beat Generation et du Pop Art, que l’auteur plante le décor de son roman. Il y fait déambuler son narrateur, pièce par pièce, à la manière d’un voyeuriste, pétri d’admiration pour ce que les murs de cette adresse abritèrent (Clément Ghys sera au Centre Pompidou le 10 septembre à 19 h à l’occasion d’une projection-performance autour de son livre. Plus d’informations). Bienvenue à Las Vegas, ville de tous les excès où se côtoient l’extraordinaire, le vice et l’outrance avec le dernier roman de l’auteur américano-italien Dario Diofebi. Dans Paradise, Nevada, il y fait graviter 4 personnages un peu paumés, emblématiques des paradoxes de l’Amérique contemporaine et livre, avec ce récit, une analyse psychologique en les plongeant au cœur de machinations personnelles et politiques. C’est un voyage à Venise au XVIIIe siècle que nous offre Léonor de Recondo avec Le Grand Feu. Un roman magnifique qui raconte la beauté et l’éveil à l’amour, au désir charnel et à la musique à travers son héroïne, Illaria Tagianotte. Mais aussi un récit enfiévré à l’écriture élégante qui raconte l’émancipation d’une jeune fille à qui l’on prédisait une existence terne et que les sentiments foudroient.

 

Les Alchimies de Sarah Chiche

Seuil, 240 pages, 19.50 €
Paru le 18/08/2023

notre sélection rentrée littéraire épisode 4
En 2022, en pleine crise de l’hôpital, Camille Cambon, médecin légiste vaillante et brillante, reçoit un mail énigmatique. Il y est question du peintre Goya et de son crâne volé après son inhumation à Bordeaux en 1828, et dont on a depuis perdu la trace. D’abord portraitiste officiel de la cour, aimé des puissants, le maître espagnol devint, à la suite d’une maladie, l’observateur implacable et visionnaire des ténèbres de l’âme humaine.
Les parents de Camille et son parrain, neurologue, se sont passionnés pour l’oeuvre de Goya, avant de devenir des scientifiques de renommée internationale.
Camille part rencontrer à Bordeaux sa mystérieuse correspondante, une ancienne directrice de théâtre qui a bien connu ces trois-là, alors étudiants en médecine, dans les années 1960, et semble tout savoir de leur obsession partagée pour Goya. Une quête effrénée, entre passion scientifique et déraison, où chacun a pris toutes les libertés et tous les risques, au point de s’y brûler les ailes.
Du siècle des Lumières à la création d’une société secrète de médecins, Les Alchimies est une fresque captivante sur l’origine du génie, les amitiés qui ressemblent à l’amour, les pouvoirs obscurs et merveilleux de l’art. Sarah Chiche est écrivaine. Après Les Enténébrés (2019) et Saturne (2020), qui l’ont révélée à un large public, Les Alchimies est son cinquième roman.

Le passant du Bowery de Clément Ghys

Seuil, 288 pages, 19,50 €
Paru le 01/09/2023

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« Si on lui faisait le récit d’une fête donnée en ces lieux, il voulait savoir ce qui s’y était bu, quelles drogues avaient circulé. Tout en lui l’emmenait à New York. Il s’épuisait à en rêver ». C. G. 222 Bowery, sud-est de Manhattan. L’adresse a abrité, dit-on, l’atelier de Fernand Léger pendant la guerre. Mark Rothko y a peint des toiles décisives pour la suite de son oeuvre. Dans les années 1960, le poète John Giorno y a organisé des soirées extravagantes où la bohème se pressait autour de William Burroughs.  Le mage de la Beat Generation, après des années d’errance, s’était en effet installé dans l’entresol sans fenêtres surnommé le Bunker. Le 222 revit ici au gré des déambulations du passant du Bowery, narrateur énigmatique et fasciné qui, pièce par pièce, étage après étage, nous entraîne avec une nostalgie fougueuse dans la douceur enfiévrée des nuits et des jours de cet immeuble tout aussi méconnu que mythique. Clément Ghys est rédacteur en chef adjoint de M le magazine du Monde.

Paradise, Nevada de Dario Diofebi

Albin Michel, 656 pages, 23,90 €
Paru le 23/08/2023
Traduit de l’américain par Paul Matthieu

 

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Meilleur roman anglophone – Palmarès 2023 du magazine Transfuge« Tel est le premier paradoxe de Las Vegas : l’hôtel-casino de luxe Positano était le cœur battant de l’euphorie du vendredi soir, et c’était notre aussi notre chez-nous. Érigé en plein centre du Strip, la ville s’enroulait tout autour en une spirale concentrique où se côtoyaient la magie et la banalité, boîtes de strip-tease et résidences d’étudiants, stands de tir et magasins Walmart, pistes d’atterrissage pour jets privés et arrêts de bus menant à de lointaines banlieues plongées dans le silence et le désespoir. Impossible pour nous d’expliquer ce qui s’est passé le soir de l’incendie sans poser d’abord ce fait établi, à savoir qu’une ville peut être à la fois fiction et réalité, paradis et vrai lieu de vie. Nous tous ici devons en prendre la mesure, tôt ou tard. » À la croisée des univers de Tom Wolfe, de David Foster Wallace et de Jonathan Franzen, Dario Diofebi compose un grand roman américain, récit hors norme et plongée au cœur de Las Vegas à la rencontre de l’Amérique, ses rêves les plus fous et ses revers de fortune. La naissance d’un écrivain prodige.

Le grand feu de Léonor de Récondo

Grasset, 224 pages, 19,50 €
Paru le 16/08/2023

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«  Le grand feu, c’est celui qui m’anime, et me consume, lorsque je joue du violon et lorsque j’écris.  » Léonor de Récondo. En 1699, Ilaria Tagianotte naît dans une famille de marchands d’étoffes, à Venise. La ville a perdu de sa puissance, mais lui reste ses palais, ses nombreux théâtres, son carnaval qui dure six mois. C’est une période faste pour l’art et la musique, le violon en particulier. À peine âgée de quelques semaines, sa mère place la petite Ilaria à la Pietà. Cette institution publique a ouvert ses portes en 1345 pour offrir une chance de survie aux enfants abandonnées en leur épargnant infanticides ou prostitution. On y enseigne la musique au plus haut niveau et les Vénitiens se pressent aux concerts organisés dans l’église attenante. Cachées derrière des grilles ouvragées, les jeunes interprètes jouent et chantent des pièces composées exclusivement pour elles. Ilaria apprend le violon et devient la copiste du maestro Antonio Vivaldi. Elle se lie avec Prudenza, une fillette de son âge. Leur amitié indéfectible la renforce et lui donne une ouverture vers le monde extérieur. Le grand feu, c’est celui de l’amour qui foudroie Ilaria à l’aube de ses quinze ans, abattant les murs qui l’ont à la fois protégée et enfermée, l’éloignant des tendresses connues jusqu’alors. C’est surtout celui qui mêle le désir charnel à la musique si étroitement dans son cœur qu’elle les confond et s’y perd.Le murmure de Venise et sa beauté sont un écrin à la quête de la jeune fille : éprouver l’amour et s’élever par la musique, comme un grand feu.