Ce soir c’est l’ouverture de Jazz à Sète. Entretien avec Louis Martinez

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Ce soir c’est l’ouverture de la 29e édition de Jazz à Sète. Il était important de converser avec Louis Martinez, fondateur et directeur artistique du festival.

Sud Vibes : Quelles sont les clefs d’une programmation ?

Louis Martinez : Le Jazz ça englobe tellement de styles. Il y a le Funk, le blues, le manouche et maintenant il y a le hip hop qui est de plus en plus présent. Pour créer ma programmation je tiens compte des courants qui marchent mieux que d’autres selon les moments, les années. Il faut arriver à équilibrer à la fois la partie artistique et la partie finances (le jazz manouche et le blues marchent moins bien par exemple en ce moment). Il y a des modes. Je dois aussi penser à la particularité du théâtre de la mer dont le cadre est exceptionnel mais dont la jauge est limitée. J’ai toujours essayé d’avoir une palette de styles la plus large et la plus variée possible. Ma seule exigence est l’improvisation des musiciens. Ceux invités à Jazz à Sète sont tous des jazzmen et des musiciens monstrueux. Cette année il y a Chris Isaak, c’est un peu différent. C’est un hommage rendu à ma femme Violette qui l’adorait. Et je pense que les crooners, c’est aussi du jazz. Pour résumer, ce festival c’est avant tout une histoire de passion.

Ma seule exigence est l’improvisation des musiciens

SV : Un mot sur la disparition de Sylvain Luc ?

LM : Sylvain Luc, je l’ai découvert en 1989. C’était un jeune guitariste basque qui jouait avec Sixun. Il était venu faire une masterclass. La première fois que l’ai entendu je me suis demandé : mais qui-est ce martien ? Je suis tombé à la renverse. Sa musicalité était incroyable, c’était un orchestre à lui tout seul. Il avait un sens de la mélodie, de l’harmonie et du rythme rare. C’était unique et je pèse mes mots. Dans le monde entier il a été reconnu par les plus grands. On s’est croisés à nouveau un peu avant les années 2000. L’amitié s’est forgée avec le temps, les expériences, puis on est devenus très très liés. Sylvain avait un projet qui était d’écrire une symphonie. Il m’en parlait depuis des années, je ne sais pas si il en aura eu le temps.
On va, je pense, lui rendre hommage lors du concert de Sixun le 19 juillet. Mais en tous cas je parlerai dans ma présentation du festival de Violette et de Sylvain. C’était quelqu’un d’une simplicité rare qui aura marqué le monde du jazz. J’étais loin de me douter qu’il partirait si vite.

SV : Parlez-nous des cachets des artistes qui explosent

LM : Il y a un écart dingue entre les musiciens. Et les meilleurs ne sont pas toujours les plus inaccessibles, les moins bons ont également augmenter leurs tarifs. C’est plus que jamais une histoire de business et de communication. Les grosses majors ont pris en main ces artistes là et demandent des cachets de plus en plus élevés. J’ai failli ne pas avoir Scary Pockets, par exemple, qui jouent ce soir. Cela s’est fait in extremis. Même certains artistes en devenir sont déjà chers. Les agents font monter les enchères et cela devient un problème, mais il faut faire avec…

SV : Quelles sont les images qui vous restent de ces 28 éditions ?

LM : Beaucoup, évidemment. Mais si je devais n’en garder qu’une ce serait Ray Charles. J’ai passé une heure à parler musique avec lui dans sa loge. Il avait fait un concert fantastique, ils étaient 27 sur scène ! A un moment c’est devenu pratiquement un concert acoustique, sonorisé juste avec le micro d’ambiance. Quel musicien ! Il passait du piano à l’orgue, de l’orgue à l’harmonica. Inoubliable.

– Jazz à Sète c’est à partir de ce soir et jusqu’au 21 juillet au Théâtre de la mer à Sète.

– Infos et réservations : Jazz à Sète