Les Matelles accueille une exposition ambitieuse d’art contemporain au cœur d’un patrimoine d’exception

Depuis le 5 avril, la Maison des Consuls du village médiéval des Matelles accueille une exposition d’art contemporain collective réunissant 6 artistes autour d’un thème unique « Autant que faire se peut ». Le titre, autour de la transformation de la matière et issu des recherches de Lisa Crespy, commissaire de l’exposition, trouve son origine dans le constat de la capacité des artistes à faire acte de résilience. Il sonne comme une once d’espoir et témoigne de leur capacité à ne jamais cesser de créer, en dépit de l’enfermement dont ils ont beaucoup souffert en période de confinement. En d’autres termes, si jamais il est possible de faire quelque chose, alors faisons ce qui est en notre pouvoir pour y parvenir.

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Le musée, superbement restauré en 2015, perle patrimoniale nichée au cœur du Grand Pic Saint-Loup est une invitation supplémentaire à la découverte de ce territoire, riche tant par la beauté de son environnement naturel que par sa capacité de conservation et de valorisation de ses spécificités culturelles. Audacieux, l’espace fait s’entrechoquer en rez-de-chaussée une exposition permanente présentant une collection archéologique issue de fouilles dans les environs immédiats des Matelles du Paléolithique supérieur au Néolithique final avec à l’étage des expositions temporaires d’art contemporain et de photographie. « Autant que faire se peut » accueille dans une scénographie divisée en 6 espaces, les travaux de Clément Philippe, Anita Molinero, Agnès Fornells, Lucie Laflorentie et Nicolas Daubanes, chacun de ces artistes exprimant dans l’espace qui lui est consacré sa sensibilité et sa volonté de modeler, transformer et valoriser la matière autour du thème choisi.

Les artistes et leurs œuvres

Clément Philippe, artiste montpelliérain travaille essentiellement sur le chaos d’un système. Dans la course technologique effrénée que traverse notre époque, quantité de « déraillements » interviennent; ils dégagent des espaces artistiques fertiles pour cet artiste qui privilégie avant tout des matériaux et médiums en lien avec le sujet traité.

Pour cette exposition, Clément Philippe s’est intéressé à la roche locale, facettée avec l’aide de tailleurs de pierres dans un souhait de prolongation de la cimaise installée à l’entrée du musée. Il a ensuite ajouté des fils électriques accrochés à des fils de coton plongés dans du sulfate de cuivre qui, par prolifération, contaminera les fils électriques puis la roche. La contamination évoluera au cours de l’exposition, rendant le mur de plus en plus bleu.

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Chalco-Xerion, Clément Philippe

Anita Molinero, artiste parisienne issue de l’École supérieure des Beaux-Arts de Marseille compose, pendant ses années punk, ses premières sculptures en faisant se rencontrer des objets et des matériaux de récupération.

Pour les œuvres présentées, Anita Molinero a travaillé la matière plastique d’objets récupérés dans la rue dans un processus de récupération et de transformation. Elle utilise un chalumeau ou un lance-flamme afin de modeler la matière et fait intervenir de l’eau afin de ne pas la brûler. On peut apercevoir des formes laissant deviner l’intérêt de l’artiste pour la science fiction. Ces œuvres ont été présentées au Musée d’Art Moderne de Paris l’année dernière.

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Maxime Sanchez, sculpteur, associe dans ses œuvres une culture majeure et une culture mineure. Il utilise différentes surfaces et matériaux symboliques qu’il associe de manière à créer des « objets augmentés ».

L’artiste, passionné d’automobile a dessiné en grand format les plans d’un kit de carrosserie de quad sur des plaques thermoformées récupérées puis les a découpées dans une usine spécialisée. Son travail s’apparente à celui du mouvement des « Makers », soit des artistes s’impliquant dans le travail de bricolage et de « do it yourself ». Il a utilisé les défauts d’usinage provoqués par des attaques de fourmis et constatés sur les pièces stockées puis récupérées en usine dans son processus de transformation de la matière. L’application de résine sur ces traces ont peu à peu fait évoluer l’œuvre d’un plan de quad à un imprimé camouflage pour former à la fin du processus une ossature de dinosaure.

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Juracing Parts, Maxime Sanchez

Agnès Fornells, artiste en arts visuels diplômée de l’École supérieure des Beaux Arts de Montpellier constitue ses œuvres à partir des pièces qui combinent des techniques propres à la céramique avec des objets et des matériaux de récupération.

Pour l’exposition, l’artiste propose un travail de volumes moulés dans de la céramique qui découle de sa pratique photographique. L’ensemble constitué est issu d’une série de photographies réalisées par l’artiste dans les rues de Mexico. Il répertorie les formes qui ponctuent l’espace public.

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Emplacement réservé, Agnès Fornelles

Lucie Laflorentie, artiste toulousaine diplômée de l’École supérieure des Beaux Arts de Toulouse joue sur les volumes en mixant les textures et les couleurs en créant un dialogue entre gestes et matières.

L’artiste manifeste un intérêt pour l’architecture et les techniques de coffrage. Son installation autour de la matière et de la couleur offre une divagation de l’esprit. Par une mécanique d’atelier, ajoutée à la poésie qui émane de ses créations, on assiste à un travail sur la matière, à une mise en couleur de la pièce.

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Nicolas Daubanes, artiste perpignanais diplômé de l’École des Beaux-Arts de Perpignan avec les félicitations du jury utilise des matériaux tels que le fer, l’acier, la sciure ou encore le béton en écho au milieu carcéral dont il est issu. Ses œuvres monographiques et texturées représentent son interprétation personnelle de la contrainte et de la liberté.

Dans cette exposition, on retrouve un triptyque « Toit de la prison Charles III, Nancy 1972 ». L’artiste a procédé à la découpe d’un motif sur une feuille magnétique disposée par la suite sur une plaque de bois. L’ensemble est recouvert d’une feuille de papier blanc sur lequel Nicolas Daubanes projette la limaille de fer qui par la suite épousera la forme du motif.

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Toit de la prison Charles III, Nancy 1972, Nicolas Daubanes

Maison des Consuls, rue des Consuls – 34270 Les Matelles

Du 5 avril au 26 novembre 2023.

Horaires d’avril à juin et de septembre à novembre : du mercredi au dimanche et jours fériés de 14h00 à 18h00.

Juillet et août : tous les jours de 10h00 à 13h00 et de 14h00 à 19h00.

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