Au sommaire de cet épisode : un vieil écrivain en bout de course à qui l’on demande d’écrire le scénario d’une mini-série sur le début des Rolling Stones, un policier déclassé fouillant les entrailles d’une mégalopole où règnent le cynisme et la violence, une adolescente noire décide pour survivre de vendre son corps et d’arpenter les nuits d’East Oakland et un infernal jeu où les héritiers et disciples d’un inventeur génial se lancent tour à tour dans une quête de vérité qui les mène au coeur du Texas.
Episode 4
Performance de Simon Liberati
Grasset, 252 pages, 20€
Performance, ou la rencontre explosive entre un romancier en perdition, sa ravissante belle-fille et les Rolling Stones de la première époque. Un écrivain de 71 ans, déserté par l’inspiration après un AVC et menacé d’interdit bancaire, se voit proposer une série télévisuelle sur les débuts des Stones, de leur arrestation pour usage de stupéfiants en 1967 à la mort de Brian Jones en 1969. Voilà qui va lui permettre de vivre son histoire d’amour scandaleuse et passionnée avec Esther, dont un demi-siècle le sépare. Tous deux le savent, leur amour est condamné : elle a la beauté du diable, lui approche du terme fixé par le diable de Faust, de Don Juan, de Dracula. Mais la grâce de la jeunesse perdue fait miraculeusement ressurgir de l’abîme Marianne Faithfull, Anita Pallenberg et Brian Jones. Ce roman au souffle éblouissant met en scène la dernière aventure d’un écrivain qui vampirise l’innocence d’un amour réprouvé pour insuffler vie à ses personnages.
Chien 51 de Laurence Gaudé
Actes Sud, 292 pages, 22€
C’est dans une salle sombre, au troisième étage d’une boîte de nuit fréquentée du quartier RedQ, que Zem Sparak passe la plupart de ses nuits. Là, grâce aux visions que lui procure la technologie Okios, aussi addictive que l’opium, il peut enfin retrouver l’Athènes de sa jeunesse. Mais il y a bien longtemps que son pays n’existe plus. Désormais expatrié, Zem n’est plus qu’un vulgaire « chien », un policier déclassé fouillant la zone 3 de Magna-pole sous les pluies acides et la chaleur écrasante. Un matin, dans ce quartier abandonné à sa misère, un corps retrouvé ouvert le long du sternum va rompre le renoncement dans lequel Zem s’est depuis longtemps retranché. Placé sous la tutelle d’une ambitieuse inspectrice de la zone 2, il se lance dans une longue investigation. Quelque part, il le sait, une vérité subsiste. Mais partout, chez GoldTex, puissant consortium qui assujettit les pays en faillite, règnent le cynisme et la violence. Pourtant, bien avant que tout ne meure, Zem a connu en Grèce l’urgence de la révolte et l’espérance d’un avenir sans compromis. Il a aimé. Et trahi. Sous les ciels en furie d’une mégalopole privatisée, Chien 51 se fait l’écho de notre monde inquiétant, à la fois menaçant et menacé. Mais ce roman abrite aussi le souvenir ardent de ce qui fut, à transmettre pour demain, comme un dernier rempart à notre postmodernité.
Arpenter la nuit de Leïla Mottley
Albin Michel, 416 pages, 21,90€
En Californie, une adolescente noire est décidée à survivre, coûte que coûte, dans un monde qui se refuse à la protéger. Un premier roman coup de poing. Kiara, dix-sept ans, et son frère aîné Marcus vivotent dans un immeuble d’East Oakland. Livrés à eux-mêmes, ils ont vu leur famille fracturée par la mort et par la prison. Si Marcus rêve de faire carrière dans le rap, sa sour se démène pour trouver du travail et payer le loyer. Mais les dettes s’accumulent et l’expulsion approche. Un soir, ce qui commence comme un malentendu avec un inconnu devient aux yeux de Kiara le seul moyen de s’en sortir. Elle décide de vendre son corps, d’arpenter la nuit. Rien ne l’a pourtant préparée à la violence de cet univers, et surtout pas la banale arrestation va la précipiter dans un enfer qu’elle n’aurait jamais imaginé. Un roman à la beauté brute, porté par la langue à fleur de peau de Leila Mottley.
Qui se souviendra de Phily-Jo ? de Marcus Malte
Zulma, 576 pages, 26,50€
Qui ne connaît pas un de ces inventeurs géniaux dont la découverte reste à jamais inconnue, empêchée ou censurée ? Phily-Jo est de ceux-là. Sa machine à énergie libre, la FreePow, est révolutionnaire. Si visionnaire et dérangeante que la mort brutale de Phily-Jo demeure un mystère pour ses proches. Meurtre ou suicide ? Est-ce le combat de David contre Goliath, une conspiration du grand capital prompt à freiner tous les progrès humanistes ? Dans un infernal jeu de poupées gigognes, les héritiers et disciples de Phily-Jo se lancent tour à tour dans une quête de vérité qui les mène au coeur du Texas, ses couloirs de la mort et ses champs pétrolifères.
Mais qui croire, à la fin ?