Mélange d’esthétiques, têtes d’affiche et jeunes pousses, avec 52 représentations, la saison du Théâtre Molière Sète déploie une programmation pour les petits et les grands, les amateurs de théâtre, mais aussi de danse et de musique. Entre spectacles hybrides, créations et grands classiques, l’humeur de la saison abonde de thématiques et ravira tant les curieux que le jeune public.
Avec une dizaine de propositions pour les 3-20 ans, la transmission du plaisir du spectacle à la jeunesse est aux avant-postes de la saison. Du théâtre avec La Louve (le 8 novembre) au cirque avec Traverser les murs opaques de Marion Collé (le 7 février) en passant par le théâtre de marionnettes La Saga Familia, petit bijou délicieusement farfelu (le 29 mars), la scène nationale de l’Archipel de Thau consacre une belle part de son programme aux jeunes.
Des grands classiques revisités
Parce qu’on ne s’en lasse pas et qu’il existe tellement de manières d’interpréter les plus beaux textes comme les plus brillantes partitions, les théâtres remplissent les salles avec de grands classiques que l’on a plaisir à partager en famille ou entre amis. C’est le cas avec 20 000 lieues sous les mers (le 14 mars), le grand roman d’aventures de Jules Verne, réadapté dans une création visuelle féerique couronnée d’un Molière. À voir pour s’émerveiller.
Tosca, le chef d’œuvre de Puccini dans une mise en scène de Florent Siaud, voit son héroïne incarnée par Axelle Fanyo évoluer dans une version intimiste et fiévreuse de ce classique de l’opéra (le 7 mars). Autre grand texte, Le Rouge et le Noir adapté et mis en scène par Catherine Marnas est un condensé nerveux du sublime drame de Stendhal (le 6 mai). Oubliez tout ce que vous savez du mythique Lac des Cygnes de Tchaïkovski. Hip-hop, acrobatique, circassienne, la version de Florence Caillon, puissante et inédite convoque les fondamentaux du cirque dans un spectacle à la beauté renversante (les 13 et 14 décembre).
Des têtes d’affiche
Gouaille, humour et textes truculents, l’auteure-compositrice et interprète Juliette est de retour sur scène (le 17 octobre) avec un nouvel opus Chansons de là où l’œil se pose. Géniale parolière, Juliette a ce pouvoir magique de nous faire voyager d’émotion en émotion, d’histoire en histoire… Alex Vizorek prolonge l’esprit sportif des Jeux olympiques de l’été à Paris et revient avec malice (et accompagné de Pascal Contet au piano à bretelles) sur les plus grands et magnifiques ratages du sport. Croustillant et délicieux ! (le 24 octobre).
Pour les nostalgiques de l’acteur du Grand Bleu de Luc Besson, Jean-Marc Barr, rare dans le registre du théâtre revient à l’indigo dans Les Hommes bleus, une pièce poétique et gorgée d’humanité sur le thème de l’exil et de la liberté (le 14 novembre). Autre artiste adulée, Jeanne Added revisite son répertoire dans une formule intimiste piano-voix (le 5 décembre). Il s’agit de la première collaboration avec le festival de Noël BAZR. Le concert risque de se jouer à guichets fermés… Écriture percutante, ballet vif et saisissant, Leïla Ka, figure montante et adoubée de la scène chorégraphique explore les mille manières d’être soi au féminin dans Maldonne (le 18 janvier).
De la danse toujours : explosion de mouvements dans une chorégraphie inspirée de la house, du kuduro ou encore des danses traditionnelles avec le spectacle C A R C A S S de Marco da Silva Ferreira l’un des artistes les plus inventifs de sa génération (le 11 avril).
À la croisée des styles et des époques, des spectacles hybrides mêlant traditions, folklores et interprétations contemporaines
Drame lyrique et moderne entre musique sacrées et contemporaines, Le Lanceur de dés interprété par le chanteur franco-marocain Walid Ben Selim (le 17 novembre) est une œuvre dont l’essence toute entière est un hommage aux poètes soufis arabes. Autre tradition, celle de la danse Fado du XIXe siècle qui, dans un esprit hybride et incandescent au ton résolument contemporain renaît dans un spectacle dansé, Date Fado, de Jonas&Lander (le 23 novembre). Dans Como una baguala oscura (le 4 février), pièce musicale et dansée, ce sont deux monuments du folklore argentin (le danseur Néstor ‘Pola’ Pastorive et la compositrice et pianiste Hilda Herrera) que célèbre la mise en scène de Nina Laisné.
Classique, rap : une programmation musicale plurielle
L’Orchestre national de Montpellier (le 12 janvier), Sarabande (le 28 novembre) duo composé de la violoncelliste Noémi Boutin et du circassien et jongleur ingénu Jörg Müller : la musique classique est au programme de cette saison sans pour autant que les musiques actuelles soient oubliées. L’autre date à retenir est celle du retour chez lui de Demi Portion, rappeur sétois au flow singulier, après une longue tournée célébrant la sortie de son album Poids Plume (le 14 février).
Humour et spectacles originaux
Spectacle à l’humour incisif incarné avec brio par Johanna Nizard, Il n’y a pas de Ajar (le 29 janvier) est l’adaptation de l’essai de l’autrice à succès et rabbine Delphine Horvilleur dans lequel elle nous alerte avec dérision sur nos obsessions identitaires. Un seule en scène à la fois drôle et pertinent. Autre proposition décalée, Graces dans lequel la chorégraphe italienne Silvia Gribaudi imagine un moment de pure comédie. Un mélange de danse et de théâtre qui malmène les stéréotypes de la beauté physique avec beaucoup de dérision (le 22 mai). Enfin, objet poétique et envoûtant Entre chiens et loups du Théâtre du Centaure clôturera la saison avec une pièce de théâtre équestre cousue sur mesure pour le Théâtre de la Mer (les 13 et 14 juin).
Théâtre Molière Sète – Scène nationale de l’archipel de Thau